Catherine Duclos en 5 questions
0 30 octobre 2017
Cela fait à peine un mois que notre nouvelle présidente est à la barre de l’organisme, qu’on sent déjà une réelle maîtrise de l’exercice. Il faut dire que le GRIS est un organisme que Catherine Duclos connaît bien. Arrivée en 2012, elle y a depuis multiplié ses implications.
D’abord intervenante bénévole, elle coordonne dès 2013 le comité appartenance et veille ainsi, aux côtés des autres membres, au recrutement et à la rétention des bénévoles. Elle intègre, cette même année, le conseil d’administration en tant qu’administratrice. Deux ans plus tard, elle quitte son rôle de coordonnatrice pour jouer celui de vice-présidente du conseil d’administration. C’est la tête pleine de rêves de grandeur mais bien vissée sur les épaules, qu’elle prend la tête du conseil d’administration le 27 septembre 2017, devenant ainsi la première femme et la plus jeune membre à présider l’organisme.
Pour mieux la connaître, nous lui avons posé 5 questions.
1. Bonjour Catherine ! Peux-tu te présenter comme en intervention ?
Bonjour, je m’appelle Catherine, je suis lesbienne, j’ai 30 ans et j’ai fait mon coming out en tant que lesbienne à l’âge de 21 ans. Je suis en couple avec Marie-Christine depuis 6 ans maintenant, et ça fait plus de 3 ans que nous sommes mariées (je l’ai d’ailleurs convertie puisqu’elle a intégré le GRIS en tant qu’intervenante depuis !) Ensemble, nous sommes mamans du petit Liam, qui a aujourd’hui 1 an. C’est l’homme de ma vie! Je termine présentement mon doctorat en neurosciences, et je m’intéresse principalement au sommeil. En dehors de mes études et de ma vie de maman, j’adore voyager. J’aime découvrir de nouvelles langues, de nouvelles cultures. Je suis aussi une passionnée de musique ! En écouter, en jouer : c’est ma façon de me retrouver et de m’exprimer.
2. Le GRIS, c’est un organisme de 250 bénévoles gais, lesbiennes et bisexuel.les qui luttent quotidiennement contre l’homophobie en allant raconter leur vécu dans les écoles. Mais encore ?
C’est aussi une grande famille de personnes inspirantes et généreuses, qui laissent une empreinte positive dans chaque classe où elles se racontent. Pour moi, le GRIS représente l’espoir d’une société toujours plus acceptante et inclusive, l’espoir des générations futures.
3. La plupart des bénévoles du GRIS ont une anecdote marquante d’intervention. Quelle est la tienne ?
Lorsque le livre Modèles recherchés : l’homosexualité et la bisexualité racontées autrement* a été publié, j’ai apporté ma copie du livre partout où j’intervenais. J’en profitais pour parler de ce magnifique ouvrage et montrais la photo qui accompagne mon témoignage dans le livre, prise le jour de mon mariage avec Marie-Christine. Les étudiants pouvaient ainsi mettre un visage sur son nom. Un jour, à la fin d’une intervention, un jeune vient nous rencontrer, mon co-intervenant et moi. Il nous explique qu’il est gai, mais il ne l’a pas encore dit à ses parents. Il ajoute qu’il a peur de ce que l’avenir lui réserve en tant qu’homme gai. J’avais le parfait outil entre les mains. Je lui ai donc donné ma copie de Modèles recherchés : « Tiens, voici pleins d’histoires inspirantes d’hommes et de femmes homosexuel.les et bisexuel.les. Je te donne ma copie si tu le veux, elle est à toi. Je suis certaine que ça va te donner confiance, que tu vas trouver ton bonheur ». Il a quitté la classe en souriant.
Un an plus tard, je fais une intervention dans une école différente. À l’avant de la classe, il y a un visage qui me semble familier. Le jeune homme pose beaucoup de questions et sourit plusieurs fois pendant que je raconte mon histoire. À la fin de l’intervention, il vient me voir et me dit « Je t’ai vue dans ma classe l’an passé, j’ai changé d’école depuis. Tu m’avais donné ton livre et je l’ai lu au complet. Merci, toutes les histoires m’ont beaucoup aidé ».
J’étais touchée qu’il se souvienne de moi. Touchée aussi de savoir que les témoignages du livre, ceux des nos chers bénévoles, avaient résonné en lui. Cette journée-là j’ai compris que le GRIS par le biais de nos témoignages en classe et ceux de Modèles recherchés avait eu un réel impact dans sa vie.
[caption id="attachment_11263" align="aligncenter" width="800"] Extrait du livre "Modèles recherchés"[/caption]4. Le GRIS a atteint l’âge adulte. Il va même fêter ses 25 ans en 2019 ! Quelle est ta vision pour les 5 prochaines années?
Je vois grand ! Si je me permets de rêver (tout en demeurant réaliste), dans 5 ans :
- Nous aurons franchi le cap des 300 intervenant.es
- C’est dès le 1er cycle du primaire que les enfants désapprendront l’homophobie grâce à notre présence auprès des plus jeunes et nos interventions au primaire auront doublé. De l’autre côté du spectre, notre présence aura quadruplé auprès des ainés. On fera aussi plus d’interventions dans les grandes entreprises et dans les milieux anglophones.
- Les jeunes auront toujours la chance de voir des duos homme-femme se présenter dans leur classe, car nous aurons atteint le parfait équilibre entre intervenantes et intervenants
- Nous aurons aidé un autre GRIS à naître quelque part, et peut-être même dans un milieu anglophone ailleurs au Canada !
- Et le GRIS sera mieux connu de monsieur et madame tout le monde. Ce seront les parents, eux-mêmes, qui demanderont aux écoles de faire venir le GRIS dans la classe de leurs enfants.
5. Si tu avais reçu la visite du GRIS à l’âge de 15 ans, quelle question aurais-tu posée aux intervenant.es ?
À 15 ans, je n’avais aucune idée que j’étais lesbienne et je croyais que l’homosexualité était un choix ! Eh oui, je suis gênée de l’admettre, mais je partais de loin ! Il faut dire que j’habitais en Ohio (É-U) et c’est ce que la majorité des jeunes de mon âge croyaient aussi, malheureusement. Je crois donc que j’aurais demandé aux intervenant.es pourquoi avoir choisi cette orientation sexuelle.